Créé en 1975 à l'initiative du tout nouveau groupe de recherches, le GEREC (Groupe d'Etudes et de Recherches en Espace Créolophone) dont Jean Bernabé fut le fondateur. La revue Espace créole a non seulement participé à la découverte par les Universités françaises et francophones de l'objet créole, mais encore a marqué de son empreinte ce qu'il est convenu d'appeler la linguistique native et donc, en l'espèce, la créolistique native. Pour les Petites Antilles et la Guyane, le GEREC a donc joué, dans les années 70 et 80, le rôle de catalyseur de toute une génération de jeunes chercheurs qui, tant en linguistique qu'en sociolinguistique, en anthropologie qu'en analyse littéraire, s'est efforcée de jeter un regard endogène sur la réalité créole. Entre temps, la réalité de nos pays a évolué, les positions glottopolitiques des uns et des autres se sont nuancées (ou parfois inversées) et une nouvelle approche des rapports entre créole et français a vu le jour, grâce en grande partie au mouvement littéraire de la Créolité qui s'est affirmé comme le courant majeur des lettres antillo-guyanaises en cette fin du XXe siècle. Désormais, notre revue devient Espace Créole/Espaces francophones. Il s'agit d'une véritable mutation du GEREC entraînant forcément celle de la revue Espace créole qui s'ordonne en rubriques distinctes (Linguistique - Sociolinguistique - Psycholinguistique - Anthropologie - Analyse littéraire, etc.) et témoignent de l'état d'avancement des travaux de nos différents collaborateurs. Enfin, il convient d'affirmer qu'Espace créole/Espaces francophones considérera comme faisant partie de son champ légitime d'études toute la littérature antillo-guyanaise de langue française, tant celle d'hier que celle d'aujourd'hui, et n'omettra pas de s'intéresser de près aux littératures francophones du Québec, d'Afrique noire et du Maghreb. Enfin, toujours dans le même ordre d'idées, la didactique du Français-Langue Etrangère constituera l'un des axes privilégiés de notre réflexion et de nos publications. Raphaël Confiant