Loin de marquer un défaut d'intelligence ou de jugement, les bêtises de l'enfant nécessitent de l'initiative, et un début de savoir, au moins de ce qui s'y révèle. Elles appréhendent la limite et en jouent. Jamais tout à fait cachées, si ce n'est à l'autre, à la partie de la personne qu'elles défient ou ignorent, elles en attendent alors compréhension ou rétorsion. A l'entrée dans l'adolescence qualifiée par le singulier "âge bête", la bêtise aurait-elle changé de sens ? Quand les bêtises chez l'enfant questionnent l'autre dont il vérifie les capacités de contenance, elles prennent chez l'adolescent, mais aussi dans le discours tenu sur lui par l'adulte, un sens singulier directement sexuel ou de mort ("tu ne vas pas faire une bêtise ?"), voire qui dénie la gravité d'un fait ("mon enfant a fait une bêtise"). Appréhender la bêtise dans la variété de ses sens et l'originalité de son acte, telle est la visée de ce numéro.