Que le grain de la matière soit réellement convoqué dans certaines pratiques de la poésie in situ, ou qu'il soit rêvé dans le texte lui-même, l'intérêt suscité par la matière élémentaire dans la poésie contemporaine relève du paradoxe : la scène contemporaine de l'écriture poétique est visitée par un imaginaire archaïque venu d'un temps difficilement situable, celui des inscriptions ou des empreintes qui, des épitaphes funéraires aux initiales entrelacées des amants gravées dans l'écorce, portent la trace humaine dans le monde sensible pour l'éterniser. Comment se conjuguent cette fascination pour l'archaïque et les gestes de notre modernité ? En réunissant des chercheurs en littérature française, en littérature comparée et en littérature hispanophone, les contributions de ce numéro entendent explorer la circulation entre les inscriptions passées dont les traces s'impriment dans la mémoire et celles proposées en relais par les poètes d'aujourd'hui.