Le phénomène de l'Interdit, de l'Interdiction est permanent. Les interdits religieux, moraux et les interdictions juridiques sont parfois énoncés clairement, 'Tu ne tueras pas', 'Défense de fumer'... Ils peuvent aussi relever du non-dit, du non écrit, ils sont pourtant intériorisés, respectés, mais aussi contestés par certains destinataires. Au fil du temps qui s'écoule, les interdits vont, viennent et reviennent, tantôt semblables, tantôt modifiés, remodelés, mais toujours présents. C'est qu'ils épousent les évolutions que connaissent des impératifs sociaux de toute nature, lutte contre la violence, protection de la santé, cohésion de la société, rejet de l'autre... Les mots " Interdit " et " Interdiction " détiennent des sens et des significations différents selon les époques, selon les lieux, selon les espaces. Une série de paradoxes peut expliquer la difficulté d'appréhender ces termes. Les interdits/interdictions balancent entre atteinte aux libertés et protection des libertés. Ils sont tantôt contrainte insupportable, tantôt contrainte acceptée, ce qui fut insupportable est accepté avant d'être à nouveau rejeté. Le couple interdit-sanction demeure encore mais éclate parfois, l'interdit n'ayant pas toujours besoin de la sanction pour exister, pour s'imposer, pour sévir ou pour protéger. Seule l'ignorance, l'innocence de l'enfance fait disparaître l'interdit. Source d'horreur et d'oppression, les interdits/interdictions sont aussi source du Beau, d'esthétique littéraire et artistique. La tragédie a besoin d'interdits. Sans eux, pas d'Antigone, ni de Roméo, ni de Juliette...