L'étude des événements de 1968 et de la décennie qui suivit a considérablement progressé, ce dont témoigne l'abondance des publications pour le quarantième anniversaire du "joli mois de mai". La présente journée entend se concentrer plus spécifiquement sur les recompositions idéologiques à l'oeuvre au cours des années 1970, souvent évoquées mais peu étudiées dans leur ensemble, et sur leur rapport au champ politique. Des courants aussi divers que l'école de Francfort, la deuxième gauche autogestionnaire dans son rapport à la refondation du PS, l'extrême gauche qui conteste l'hégémonie du Parti communiste (et de manière plus générale la référence à des auteurs alors très en vogue comme Foucault et Althusser...) s'ils ont chacun leur spécificité, s'inscrivent dans une même séquence qui redéfinit de manière décisive les débats intellectuels et politiques de la France contemporaine, et dont les héritages constituent un élément majeur pour comprendre les mutations ultérieures des années 1980-1990 dont François Cusset esquissa la topographie intellectuelle. De nouvelles orientations politiques se font jour qui, par les stratégies d'acteurs qui les façonnent, valent discours d'ordre et symétriquement péjoration des horizons d'attente antérieurs. Au procès du grand soir comme du marxisme léninisme s'additionnent des aggiornamenti, ou l'imposition de nouveaux paradigmes à gauche, comme l'idéologie antitotalitaire. Les communications, centrées sur les enjeux de ces débats, présenteront la façon dont ces derniers se définissent à travers l'action d'acteurs concrets (militants, universitaires, traducteurs, journalistes...) dépendant d'une conjoncture politique et sociale en plein bouleversement (nouvelles générations, restructurations économiques et recompositions politiques...). Elles associeront historiens et philosophes préparant actuellement des travaux sur ces questions.