Dans le cadre des fécondations in vitro (FIV) et de l'insémination avec donneur (IAD), l'intervention technique du tiers médical – qui l'emporte sur la sexualité procréatrice – et la temporalité particulière qu'elles exigent ne vont pas de soi. Depuis plus de 40 ans, la France a organisé l'IAD sur trois principes sous-tendus par une certaine représentation sociale de la famille : 1) La solidarité entre couples, qui entraîne un lien imaginaire entre les deux catégories de couple, barré par l'anonymat du donneur dans la procédure actuelle ; 2) L'anonymat, conçu comme un moyen de préserver et de respecter l'intimité et l'équilibre du couple ; 3) La gratuité, conséquence de l'éthique du don altruiste qui fonde la circulation des gamètes. Ce numéro propose d'explorer les nombreuses questions posées par ces modes d'assistance médicale à la procréation dont sont témoins professionnels, juristes, biologistes de la reproduction et psy-accompagnant ces couples, en particulier sur la construction de la parentalité, sur le rapport à l'enfant issu du don. La dissociation de la procréation et de la sexualité nécessite un véritable travail psychique des protagonistes pour construire de nouvelles modalités du lien de filiation.