Nos échecs thérapeutiques nous apprennent-ils quelque chose ? En quoi nos limites seraient-elles opérantes pour l'autre ? Winnicott, dans " La crainte de l'effondrement ", dit avoir compris a posteriori – après le suicide de sa patiente – que celle-ci demandait quelque chose qu'il n'avait pas compris. Ce numéro, à partir de réflexions cliniques et théoriques, travaille l'idée selon laquelle, dans la relation d'objet, les échecs pourraient être aussi importants que les réussites : une mère qui n'échouerait jamais dans son " adaptation " à son petit ne serait-elle pas un leurre pour lui ? Cela ne le porterait-il pas à croire que le monde est tel qu'il l'hallucine et le désire ? Quant à nous, à l'instar de Winnicott, si nous n'échouions pas, cela ne confronterait-il pas nos patients – et nous-mêmes en retour – à un sentiment de toutepuissance inattaquable où le manque n'aurait pas sa place ? Ce numéro interroge les tenants et les aboutissants des limites ou/et des échecs thérapeutiques, que ce soit avec le couple, la famille ou l'institution. Ce faisant, il aborde nécessairement les questions d'idéalité, de contrat thérapeutique, de formation et de travail entre thérapeutes sur les écueils rencontrés par chacun dont les effets positifs ou négatifs permettent une analyse heuristique dans l'après-coup.