La comparaison en matière de déviances et de contrôle social, lorsqu'elle est employée en sciences sociales, est principalement convoquée à l'aune de la comparaison entre la France, ou l'Europe continentale, et les Etats-Unis, ou la Grande-Bretagne; facilité de la langue oblige. On est alors souvent contraint à comparer l'incomparable: des doctrines juridiques ainsi que des formes et des niveaux de criminalité complètement hétérogènes. Sont présentés ici, au contraire, les travaux menés sous l'égide du Laboratoire européen associé (CNRS/MPG) consacré à la comparaison franco-allemande dans le domaine de la déviance et du contrôle. La France et l'Allemagne, en effet, ont toutes deux hérité du droit pénal napoléonien, leurs structures sociales restent semblables, ainsi que les problèmes posés par les différentes formes de déviance. Du coup, c'est une nouvelle compréhension de ces phénomènes que révèle la comparaison entre deux pays si proches: leur mobilisation au service de la connaissance des déviances et du contrôle satisfait l'ambition même de la sociologie, que posait Emile Durlcheim, il y a plus d'un siècle, en ces termes: "on n'explique qu'en comparant".