Prononcez le mot transe, les regards s'éclairent ou les sourcils se froncent, on s'écarte de vous ou on s'en rapproche, il y a de l'émotion potentielle dans l'espace transactionnel ! Car le terme est chargé, et il le serait à moins ! Qu'on se souvienne de l'origine latine transitus (passage) ou de son ancienne acception : passer de vie à trépas au sens où l'on dit de quelqu'un qu'il est passé, trépassé. Pas moins inquiétantes les idées d'errements contenues dans le mot transe pour évoquer l'état dans lequel un grand souci nous met, l'appréhension d'un mal radical que nous craignons imminent ! Oui, les transes ont rapport avec le destin, dont les arrêts édictent l'ordre immuable qui nous soumet, un enchaînement nécessaire qui nous plombe d'une gravité particulière. Que le destin tente d'échapper au sort, au mauvais sort ou bien qu'il soit appelé à une résolution glorieuse, sera-t-il du côté du hasard ou de celui de la nécessité ? Il faut bien l'esprit iconoclaste, cruel et définitivement irrévérencieux de Milan Kundera pour oser déjouer cette gravité par l'annonce de l'insoutenable légèreté de l'être : comme autre un destin à partager !