Romantisme : le mot fait sourire. Mais quel mouvement d'art et d'idées a autant façonné la modernité européenne ? Non pas, bien sûr, le romantisme des " pleurards " et " rêveurs à nacelles " que raillait déjà Musset. Non pas le romantisme étroit et souvent étriqué de la tradition française. Mais le " romantisme large " dont parlait Barthes, qui ne se laisse pas enfermer dans deux ou trois décennies du siècle ; qui n'est ni français, ni allemand, ni anglais. mais européen. " L'Europe romantique " n'est pas la somme des littératures et cultures nationales : c'est une internationale des nationalités, différente du cosmopolitisme de la République des lettres à l'âge classique. Plus proche, pour le meilleur et pour le pire, des aspirations et contradictions qui sont les nôtres. Le troisième millénaire, qu'André Malraux prophétisait religieux, pourrait bien être Romantik, avec le k du kitsch et du Volapück, les deux idiomes de l'Europe moderne : fusion des idées, conflagration des langues, confusion des sentiments... Bonne raison d'aller voir dans le passé ce que l'avenir nous réserve. Bonne occasion de réunir des voix venues de plusieurs disciplines et pays pour réévaluer le romantisme aujourd'hui.