La question du politique n'est plus posée. Le lien entre les citoyens semble se distendre à une vitesse accélérée. Le sentiment d'une civilité fondée en fraternité s'érode.
On cherche ici à évoquer quelques-uns des enjeux qui se posent à une société française en voie de dissociation, s'éloignant sans cesse davantage d'une vision commune. L'espace public était autrefois arpenté avec passion, tant à l'occasion de nombreuses fêtes que des diverses élections qui mobilisaient rituellement les citoyens. Ces manifestations, de même que l'urne traditionnelle des salles d'école, symbolisaient l'action politique.
De nos jours, tout semble basculer et le modèle politique français perd de son exceptionnalisme. Le vote ouvrier obéit à de nouvelles logiques, la nation ne sait plus à quel saint se vouer entre Europe et ethnicité, espace post-national et tentation souverainiste. L'idéal démocratique lui-même paraît incertain. Et les grands hommes prennent la pose.
Le parlementarisme demeure fragile, à travers lequel la diversité des opinions s'exprime pourtant légitimement dans la discussion. La tentation extrémiste, alimentée par des penseurs comme Carl Schmitt, trouve en France un écho troublant, des philosophes de haute stature restant plus attirés par le prestige du tyran que par les charmes incertains de la méthode démocratique.