Notre corps serait anesthésié par les jeux vidéo, le monde virtuel d'Internet, ou par une médecine technologique. Nous ne chercherions dans la sécurité, la performance et la propriété qu'une sensation personnelle de notre identité contemporaine. Mais si l'idéologie dominante veut éviter de reconnaître les expériences singulières de conscience du corps, la revue Corps présente ici, à partir d'études de terrain, comment l'enfance, la mort et les techniques sensorielles sont des modes de conscience de son corps : conditions de vie des enfants, difficultés de rencontrer le(les) cadavre(s) ou éveil de soi dans les pratiques corporelles. Quelle conscience de son corps ? Telle est la question commune aux trois dossiers présentés dans le numéro 11 de Corps : L'absence du cadavre rend la mort plus sensible, et l'incinération, les prélèvements ou la présence physique nous confronte au devoir même d'aller le voir ; comme si l'ignorer était impossible. Les techniques de conscience du corps démontrent le contraste entre les pratiques d'Europe et d'Asie, met en lumière l'évolution du rapport au corps dans les champs de l'éducation physique, du sport compétitif et des pratiques dites traditionnelles. Douleur sociale de l'enfance en souffrance - néonaticides, enfants des rues, protection sociale - expose comment les expériences subies par les corps des enfants leur procurent une sensibilité vive de l'existence.