Héroïsé dans les années post-68, ringardisé dans les années 1980 par l'idéologie libérale du repli égoïste sur la sphère privée, toléré dans les années 1990 à condition d'être humanitaire et dépolitisé, le militantisme connaît aujourd'hui un regain de faveur et d'intérêt. Refusant d'opposer militantismes d'hier et d'aujourd'hui, ce numéro de ContreTemps s'intéresse aux dynamiques de l'engagement militant, saisies dans leur complexité et leur diversité : les engagements au sein des syndicats, des associations caritatives, des mouvements sociaux ou des partis politiques sont ici éclairés à la lumière des acquis les plus récents de l'histoire et de la sociologie politique. Plutôt que de se soumettre à la fausse alternative entre l'individualisme stérile et la soumission au collectif, le propos de ce numéro est d'examiner les modalités selon lesquelles des individus peuvent faire corps, former un groupe prêt pour la lutte et, ainsi, " faire mouvement ". Ce numéro comprend aussi un texte inédit d'Adorno, un débat autour de Marx et Arendt et une controverse sur l'égalité citoyenne chez Marx, Balibar et Lefort.