La connaissance, en tout cas la connaissance qui se déploie dans l'univers social et qui constitue la base de notre appréhension du monde, n'est pas le produit de rencontres entre un homme neuronal et des objets qui ne demandent qu'à être connus pour ce qu'ils sont. Il suffit de penser à la connaissance qu'ont les hommes des femmes, à celle que les cadres ont des ouvriers, mais encore à celle qu'un élève a de sa performance et de ses compétences, pour en être aisément persuadé. Les contextes sociaux, culturels, communicationnels, dans lesquels la connaissance (connaissance des autres, personnes et groupes, des objets, des relations) se forme, la constituent, lui donnent sens et fonctions. Convaincus que certaines tendances importantes en sciences sociales et humaines doivent être présentées aux lecteurs de Connexions, nous avons choisi la psychologie sociale de la connaissance pour un premier essai. On trouvera dans ce numéro, où apparaissent les noms et les équipes les plus significatives de cette psychologie sociale telle qu'elle se réalise en Europe francophone (France, Belgique, Suisse), un ensemble de textes qui feront connaître, ou mieux connaître, ce courant de recherches. Il est ici restitué dans sa diversité, sans choix d'école ou de tendance. Une unité se dégage malgré tout : connaître, ce ne peut être que socialement connaître.