Au premier abord, il n'y a rien d'original dans l'idée de s'intéresser au langage dans le monde du travail. La sociologie, la psychologie ou l'ergonomie s'y sont intéressées à l'occasion d'enquêtes ou d'observations d'opérateurs. Mais ces approches classiques privilégient la focalisation sur l'individu, hors contexte, et sur des opinions.
Les études présentées dans ce numéro proposent au contraire une focalisation sur les interactions des acteurs en situation, dans le contexte d'une tâche collective ou d'une relation de services, pour préparer ou contrôler l'action, ou encore pour réguler des incidents.
La communication n'est plus une activité de verbalisation secondaire et décontextualisée, à propos du travail. Elle est au contraire un épisode central de l'action humaine et en constitue la trame significative.
L'étude du langage doit donner accès aux cognitions qui sous-tendent effectivement l'activité collective pendant son déroulement, en temps réel.
Cette démarche n'est pas limitée aux activités interactionnelles.
Elle est aussi pertinente pour les communications "monologiques" comme les annonces sonores ou même les écrits attachés aux objets ou aux tâches.