S'il est une fête que les Pères ont contribué à mettre en place, c'est bien celle de Pâques. Dès les premiers temps de l'Eglise, ils se sont attachés à lui donner la place centrale qui lui revient, à la célébrer avec un riche symbolisme, à l'expliquer en des homélies développées, à en fixer la date... A une époque où la fête de Pâques a repris sa place décisive dans l'année liturgique, où la catéchèse se recentre autour des quatre temps de la Vigile pascale, il est bon de revisiter les textes des Pères, qui ont mis en évidence la dimension cosmique de la Résurrection du Christ, comme l'exprime la fresque de S. Sauveur in Chôra à Constantinople (que nous pouvons voir sur la couverture) et qui, par leurs commentaires de l'Ecriture, ont su montrer à quel point nous y sommes associés. Après une présentation générale de la fête de Pâques à l'époque patristique, c'est un élément original et décisif (dont nous ne savons peut-être pas qu'il remonte au IV e siècle) qu'étudie Gilbert Kongs : l'Exsultet, cette louange pascale, cette composition libre laissant éclater la joie, qui annonce la Résurrection, symbolisée par la lumière du cierge, au début de la Vigile pascale. Puis, Allan Fitzgerald reprend la question de la joie pascale de manière systématique et l'étudie à partir d'Ambroise de Milan, qui a joué un rôle décisif dans l'élaboration de l'Exsultet. Jacques Fantino s'attache ensuite à une question importante et difficile : celle de la date de Pâques. Nathalie Rambault donne une autre expression de la joie pascale : celle proposée par Jean Chrysostome dans ses homélies. Passant d'Antioche au monde syriaque, Colette Pasquet envisage une homélie où Jacques de Saroug fait des gardiens du tombeau les premiers témoins de la Résurrection. Finalement, Raymond Winling, qui a écrit un livre décisif, intitulé : Résurrection et exaltation du Christ dans la littérature de l'ère patristique (Paris, Cerf, 2000) étudie le mystère de la Résurrection du Christ dans la théologie patristique. Si la théologie de la Résurrection a été longtemps laissée pour compte en Occident, les Pères, eux, l'ont largement développée en lien justement avec leur expérience liturgique, spirituelle et anthropologique de la célébration de Pâques. Marie-Anne Vannier