Le désert est le lieu où nous pouvons vivre selon le " coeur de Dieu [...]. Le peuple élu a fait l'expérience de la grâce du désert. Il y a au désert une grâce qui nous fait désirer non seulement les biens du Royaume, mais qui nous les fait percevoir comme des arrhes. Nulle part mieux que dans le désert on ne peut avoir les arrhes du Royaume qui vient [...]. La paix, la tranquillité, le silence, l'étude de la Sagesse, la liberté de la solitude, à condition que nous ayons le désert dans le coeur. Mais la terre elle-même nous aide à vaquer à Dieu, c'est un lieu où il est doux de le servir, d'adhérer à lui d'un coeur libre [...]. Ici, on peut jeter les fondements de l'Évangile. Celui qui ne refuse pas d'habiter le désert devient temple de Dieu car le désert est l'image de la Jérusalem céleste [...]. Le désert est le lieu où trône la foi, il est l'arche de la vertu, le sanctuaire de la charité, le dépôt de la justice. Il est le lieu par excellence de la prière, parce que c'est le lieu où le Christ a prié. Il est le lieu où, dans la liberté de la solitude, on peut vaquer à Dieu, où il est plus doux de voir Dieu, où l'on peut adhérer à Dieu d'un coeur libre [...]. Le désert, c'est le lieu où le Seigneur se repose à l'heure de midi et les habitants du désert, blessés de charité, le contemplent en disant : "J'ai trouvé celui que mon coeur aime." [...]. La vie du désert est un avant-goût du Royaume où le Seigneur nous donnera tout ce dont nous avons besoin. Les habitants du désert possèdent déjà la vie qu'ils recherchent en espérance ; ils cherchent la vie bienheureuse, et ce Royaume, ils l'ont au moment même où ils le désirent [...]. Ils désirent goûter le Christ et ils le goûtent, ils ont les arrhes de ce qui leur sera donné dans le Royaume des cieux. ", (Eucher de lyon, " L'Eloge du désert ", trad. Jean-René Bouchet, PL 50, col. 701s.)