Le christianisme semble s'être fondé sur la communication : celle des prédicateurs, des fabricants d'images et d'objets de piété, des théologiens, des mystiques, des apôtres et de Jésus de Nazareth, tel que la tradition le pose. Le dieu chrétien lui-même est décrit comme communiquant, générant le Verbe créateur. De la proclamation des Evangiles aux réseaux numériques dits sociaux, le christianisme est animé de communications, en son sein et dans l'espace public. Ce dossier se propose de suivre le fil de quelques-unes de ces communications, à partir de perspectives historiques, sociologiques, anthropologiques, sémiotiques et communicationnelles : correspondance au sein d'un ordre religieux missionnaire, les jésuites, à travers laquelle s'énonce la filiation spirituelle ; communication d'un mode de méditation intérieure, à partir des exercices d'Ignace de Loyola ; écriture et peinture d'icônes, pour faire advenir en présence le dieu chrétien dans la tradition orthodoxe russe. Ces communications se font aussi tout à fait contemporaines quand la Suisse s'alarme d'un enseignement du "créationnisme" à l'école, semblant réduire la science à n'être qu'une autre croyance, ou quand le pape François rappelle que la communication chrétienne précède la parole, et réside dans le témoignage sensible plus que dans les mots. Ce sont ces figures et linéaments de la communication chrétienne, entre orthodoxie, catholicisme, protestantisme et évangélisme, à travers institutions, espace social et médias, que ces recherches proposent d'éclairer pour montrer comment "se forme" et se dit une religion.