La prétention de Google à devenir un acteur incontournable dans les pratiques informationnelles et communicationnelles sur Internet dessine des enjeux majeurs pour notre époque et mérite d'être questionnée à plusieurs niveaux. D'un point de vue éditorial, les pouvoirs de Google s'exercent tant sur le plan technique et sémiotique des processus de traitement et d'affichage des données, que sur le plan socio-économique et politique relatif à l'acceptation et à l'intériorisation des logiques de cet acteur hégémonique - à la fois par les internautes et par les milieux professionnels. Ce dossier interroge les standards éditoriaux imposés par le géant américain, leurs modalités d'appropriation et leurs marges de négociation. Qu'il s'agisse de l'orchestration des résultats de recherche ou de la création des nouveaux indicateurs de performance, le pouvoir "googlesque" laisse peu de place aux résistances et façonne une série de pratiques quotidiennes des producteurs et consommateurs d'information. Le collectif de chercheurs réunis pour ce numéro donne à lire la manière dont Google, leader au sein de l'oligopole du secteur technologique, opère des médiations qui ne sont pas neutres et qui privilégient "une certaine idée de l'information". Entre les formes des écrans et les logiques des acteurs, l'observation des choix et des biais éditoriaux de Google permet de saisir le rôle historique et la dimension idéologique de la firme, ainsi que son influence sur les écritures, les contenus et circulations numériques.