Le jeune enfant ne saurait admettre que les êtres soient à jamais retirés du monde des vivants. L'épreuve de la temporalité et celle de l'identité commencent avec cette incrédulité que laisse un départ sans retour, une absence pour toujours. Qu'appelle-t-on fantômes et fantasmes de transmission dans le travail psychanalytique ? La proximité entre fantasme et fantôme ne tient pas seulement à l'étymologie gréco-latine (phantasma). Elle a trouvé une consécration dès les premiers textes de pionniers de la psychanalyse. Ainsi qu'on le verra à travers les contributions de ce numéro de Cliniques Méditerranéennes, la psychanalyse est en effet maintes fois sollicitée, dans son exercice quasi quotidien, par divers modes de survivance qui ne peuvent guère être évoqués autrement que sous la figure ambiguë du fantôme, circulant au sein de familles ou entre des générations. Enfant mort et forclos du discours des vivants, enfant substitut ne pouvant exaucer le vœu de parents endeuillés, enfant dépositaire d'une effigie de disparu(e) : ce ne sont là que des exemples parmi les plus souvent produits. Mais il est aussi d'autres façons d'appréhender les devenirs fantômes. Ainsi de ce fameux « inquiétant » que suscitent les multiples figures du double, ou encore de « l'identification inconsciente au fantôme », jusqu'aux manifestations suscitées par une « relation d'objet virtuelle utérine ».