Le fait religieux occupe une place centrale dans le débat public en France comme dans la plupart des grandes démocraties occidentales. Il revêt cependant des formes inédites, non inventoriées en tout cas sur l'agenda de l'État républicain. C'est ainsi que le " consensus " qui avait, tant bien que mal, prévalu jusqu'ici - c'est-à-dire jusqu'aux années 70 - entre les pouvoirs publics et les religions (ou la religion dominante) cède, manifestement, sous la double pression d'une privatisation-atomisation de la vie religieuse et de la " montée en puissance " de l'Islam, devenu deuxième religion de France. L'État est sommé d'apporter des réponses en termes de reconnaissance, octroi de garanties spécifiques, etc. à ce défi qui lui est explicitement ou implicitement lancé. Il en résulte un ou des contentieux de nature inédite, que les juges ne sont pas les seuls à pouvoir traiter et probablement pas les mieux placés pour le faire. Pour élucider la nature des ces " nouveaux " contentieux et les modalités de leur traitement juridico-politique, il apparaît donc nécessaire de procéder à une réflexion critique impliquant à la fois une interrogation sur le religieux et une mise en évidence - c'est l'hypothèse proposée - de l'identité fondamentale de contenu et de structure existant entre ces deux systèmes de valeurs et de régulation du social que sont le droit et la (les) religion(s). On pourra démontrer alors que la crise du religieux n'en est pas une mais constitue plutôt un révélateur de l'essence du politique et sans doute aussi du juridique en tant que tel. Cet ouvrage rassemble les contributions d'un colloque organisé par le Centre d'Études et de Recherches sur les Contentieux, les 1er et 2 décembre 2000.