Dans le droit fil de Les Écrivains de l'exil : Cosmopolitisme ou ethnicité, le volume Exil et Traditions/Exil ou traditions aborde le difficile vécu des membres de minorités coupée de leurs racines, et la distorsion de leurs rapports avec une culture qu'ils doivent voiler pour pouvoir subsister. Comment perpétuer ses propres traditions lorsqu'on cet loin de son peuple ? Existent-elles encore, et sous quelle forme ? Si l'exil et le cosmopolitisme qu'il
sous-entend sont indéniablement source de métissage et d'enrichissement, l'individu ne plonge-t-il pas dans un maelström culturel qui transforme son identité ? Car tout est peut-être inscrit dans ce constant aller-retour entre individu et communauté, entre traditions et besoin de rencontrer l'autre : tout ce qui ne tue pas rend plus fort, écrivait Nietzsche, entraînant ainsi une inévitable remise en question de soi-même, des fondements de l'existence que l'an pensait définis ad vitam, La force, qui est en même temps une faiblesse, de ces minorités, qu'elles vivent dame les déserts américains ou les steppes glacées du Groenland, repose sur leurs traditions, Leur force, car ciment culturel unissant des sociétés rejetées ou, au mieux, délaissées ; leur faiblesse car fragilisant leur pérennité face à la notion de modernité, de progrès de rendement. Indubitablement, pour beaucoup de ces métis culturels, écrivains ou non, cet " entre-deux ", cette interface dont ils sont les messagers permet de naviguer dans les différentes cultures, avec le risque de ne plus appartenir à aucune. La notion d'" autre " implique celle de différence ; toute la question réside dans le devenir de cette différence. Marc Michaud