Les acteurs économiques ont un poids très important dans la plupart des grandes décisions prises en ce domaine par les instances européennes. Mais ces dernières ont aussi la volonté de construire un cadre auquel les entreprises et les secteurs concernés doivent s'adapter. C'est cette double démarche que la troisième livraison des Cahiers de Fare ("Frontières, acteurs, représentations de l'Europe") essaie d'analyser au travers d'une douzaine d'articles tirés d'autant d'interventions présentées lors d'un colloque tenu à Strasbourg sur les rapports entre intégration économique et gouvernante européenne depuis les années 1950. Au fil de la démonstration, nous voyons s'esquisser un dépassement progressif des modèles nationaux dans lequel interviennent non seulement les responsables et les fonctionnaires européens, mais les diverses forces socio-économiques engagées dans ce processus. Ce mouvement général n'est toutefois pas uniforme. Il s'appuie sur les stratégies multiples qu'utilisent les acteurs en fonction des sollicitations qu'ils rencontrent, des rapports de force existants et des conjonctures qu'ils traversent. Il s'agit donc d'un phénomène complexe qu'il convient de ne pas simplifier à l'excès, quand bien même on pourrait en lire les grandes lignes.