La récente victoire du parti de la gauche radicale Syriza en Grèce s'est accompagnée d'une alliance avec le parti des Grecs indépendants, souverainiste et eurosceptique - et a été accueillie avec satisfaction, tant par Jean-Luc Mélenchon que par Marine Le Pen en France, ainsi que par Vladimir Poutine. Ce choix peut s'interpréter de manière contradictoire pour la définition du populisme. Soit il serait toujours un simple style et une coquille vide accueillant n'importe quelle idéologie sous une forme d'appel direct et mobilisateur au peuple, ce que prouverait la ductilité d'alliances de circonstance sans grande importance quant au mélange des idées. Soit, dans un contexte de radicalisation politique, l'ethno-nationalisme de droite - y compris dans sa dimension transnationale - serait la seule solution de succès politique, donc de fonds idéologique du choix populiste. Plusieurs dimensions du populisme est-européen le rendent intéressant pour une définition plus générique par l'idéologie. La période de tolérance après 1989 lui a permis à la fois de puiser aux références ultranationalistes historiques et de postuler au pouvoir politique. De nombreux pays d'Europe centrale et orientale gardent et diffusent une expérience récente de la conflictualité. Ce même espace ajoute des tensions avec les minorités ethno-religieuses, surtout la minorité transnationale qui détrône le bouc-émissaire traditionnel juif, les Roms. Enfin, les exigences de l'intégration euro-atlantique ont imposé un gel de façade de ces tensions, qui ont éclaté après les adhésions dans une Europe (presque) sans frontières, facilitant donc les immixtions des pays comprenant des minorités chez leurs voisins.