Envisagés comme acteurs d'un néo-colonialisme résilient, touristes envahissants, expatriés nantis de privilèges exorbitants, les Européens en Afrique, y compris dans la période coloniale, ont rarement été considérés comme des migrants. Derrière les grands débats sur les relations internationales et transnationales, la question des mobilités a souvent été négligée. Et pourtant, force est de constater que les circulations entre l'Europe et l'Afrique ne se sont jamais complètement interrompues depuis la colonisation et connaissent même aujourd'hui un très net regain. Compte tenu du faible nombre de travaux sur ces thèmes, les contributions réunies dans ce numéro visent à décrire ces mobilités, dans leurs régimes et leurs diversités historiques et contemporaines, mais aussi géographiques (Maghreb, Afrique francophone, lusophone, anglophone). Il est aussi question d'ouvrir la réflexion à l'échelle des populations européennes en Afrique plutôt que de se concentrer sur les seuls agents nationaux de la colonisation. Les références, dans les articles, à l'histoire coloniale, à la variété des désirs migratoires ainsi qu'à l'importance des contextes locaux socio-historiques, revisitent la lourde question du rapport colonial et ouvre un débat théorique sur le sens de ces mobilités. Centrés sur l'expérience des acteurs, sans négliger pour autant l'évolution des points de vue institutionnels sur ces questions, l'ensemble des articles présentés permet d'envisager les logiques de singularité et d'autonomisation qui caractérisent les mobilités européennes en Afrique.