Dans cette livraison (numéro double) de la revue Awal (produit d'une enquête menée dans le cadre du Fonds de solidarité prioritaire-Maghreb, Fondation Maison des sciences de l'homme, Paris), nous avons tenté d'explorer les différentes manières d'appréhender la culture, que ce soit dans le cadre traditionnel (poètes, danseurs, chanteurs, artisans) ou par l'intermédiaire de ses agents (ethnologues et/ou chercheurs du domaine), qui ont essayé de fournir des clés permettant une transmission parfois en conformité avec les règles de la tradition, parfois en empruntant des aspects au monde dans lequel ils vivent... Cette transmission marquée d'hybridité est peut-être, de loin, la plus riche à analyser. Le chercheur informé livre les matériaux constitutifs de la culture étudiée et participe aussi à leur fixation pour la mémoire. Un premier volet de ce dossier est consacré aux modes dits traditionnels de création et de transmission de la culture dans ses différents aspects ; le second, à l'oeuvre de chercheurs qui ont enquêté sur le monde dit traditionnel. Le groupe de chercheurs réunis autour de Jacques Berque chez les Ait M'hand, dans les Seksawa, a pu se rendre compte de l'empreinte laissée dans les mémoires locales (Augustin Berque, légende de " Jakbirk ") et dans les pratiques des lettrés. Les modes de création et de transmission s'adaptent au contexte social et politique, voire se modifient en fonction des conjonctures sociales et historiques. Ce sont aussi les ethnologues, les linguistes, les historiens qui, à côté des agents locaux, se chargent de la transmission (ou d'une certaine création) des pratiques culturelles. La réflexion sur nos pratiques d'investigation nous ramène aux réflexions de ceux qui ont en assuré la transmission sur le tas et sans en avoir pleinement conscience au niveau de la durée historique.