Akademos est son nom, sa philosophie et son programme : contribuer à établir un monde où "l'autre amour", dans toute sa diversité, aurait sa place. Elle est l'ultime réponse à un procès de moeurs intenté en 1903 au baron Jacques d'Adelswärd-Fersen, son directeur - une première fut la parution, en 1905, de sa parodie romanesque, Lord Lyllian, Messes noires, où l'on retrouve les principales figures homosexuelles du temps. Akademos nous fait découvrir un monde amoureux de la littérature et des arts, loin du "préjugé contre les moeurs", un monde d'auteurs dont beaucoup sombreront dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, mais aussi de célébrités qui apparaissent ici singulièrement "gay-friendly" : Colette Willy, Henry Gauthier-Villars (Willy), Laurent Tailhade, Joséphin Péladan : Marcel Boulestin, Jane Catulle-Mendès, Maxime Gorki, Georges Eekhoud, Claude Farrère, Robert d'Humières, Filippo Tommaso Marinetti, Henri Barbusse, Jean Moréas, Annie de Pène, Valentine de Saint-Point, Robert Scheffer, Arthur Symons, Léon Tolstoï, Renée Vivien, et bien sûr Fersen lui-même. Une douzaine de chercheurs et spécialistes, réunis par Nicole G. Albert et Patrick Cardon, ont tenté de ressusciter ce mensuel qui aura marqué l'année 1909. Ils y ont réussi. Ils ont pour la plupart annoté les douze numéros de la relue et apporté leur contribution au présent volume en outrant ainsi un vaste chantier qui n'est pas prêt de s'achever. Par les questions qu'elle soulève, les sujets qu'elle aborde, les sensibilités qu'elle révèle, Akadenros jette les bases d'un imaginaire queer en gestation dont nous sommes les héritiers et héritières.