Que savons-nous du fonctionnement concret des organisations économiques internationales ? De quoi sont faites ces institutions ? Evoluent-elles dans un éther au-dessus des populations et des Etats ? Ces derniers en sont-ils vraiment exclus ? Sont-elles aussi influentes qu'on le prétend ? Mais " influentes " sur qui et comment ? Répondre à ces questions suppose de mener l'enquête sociologique dans ces espaces feutrés, réputés pour leur confidentialité, leur hermétisme, leur conformisme autant que pour l'anonymat de leur personnel. Ce dossier souhaite ainsi contribuer à la normalisation méthodologique et théorique de ce type d'institutions habituellement délaissées par les travaux sociologiques. Il propose des études empiriques sur ce qui se joue, et sur qui joue, dans ces espaces sociaux, avec quels atouts politiques, savants, bureaucratiques et sociaux. Fondées sur des données inédites, recueillies par l'observation ethnographique, les entretiens ou le travail sur archives, ces enquêtes se montrent attentives à la production de biens symboliques et à leur circulation et interrogent la teneur et la force sociale des savoirs d'Etat et de gouvernement de l'économie mis en forme dans ces univers. Le dossier met en lumière la structuration complexe et souvent asymétrique de ces univers et leur connexion avec certains secteurs gouvernementaux, universitaires, patronaux ou syndicaux nationaux. Loin de se réduire à n'être que de simples jouets passifs aux mains des Etats, ces organisations constituent un maillon important d'un circuit de légitimation plus vaste de l'ordre économique international.