Depuis les médecins et les philanthropes du XIXe siècle, jusqu'au " droit du consommateur " contemporain et aux commissions de surendettement, de nombreuses institutions sociales ont entrepris d'encadrer et de définir les pratiques de consommation des catégories les plus pauvres. Ce numéro d' Actes de la recherche en sciences sociales prend pour objet une série de discours normatifs qui, pour s'être développés dans différents contextes historiques, n'en aspirent pas moins tous à " protéger " - et d'abord contre lui-même - le consommateur pauvre, ou, explicitement, à l'" éduquer ". La réunion de contributions d'historiens, de sociologues et d'économistes, vient mettre en valeur le travail de construction dont le consommateur fait l'objet. Elle modifie le regard sur la figure du consommateur rationnel chère aux économistes, en même temps qu'elle entreprend de comprendre la rationalité qui sous-tend effectivement les pratiques de consommation des catégories les plus modestes.