Paul-Emile Pajot (1873-1929) dessina et peignit des centaines de portraits de bateaux, des " cadres " dans l'antique port de La Chaume. Marin, pêcheur et artiste, il fut appelé " l'imagier de la mer ". Cet homme connut son heure de gloire à Paris, en 1925, lors d'une exposition à la galerie Pierre, honorée d'un article du " prince des poètes ", Jean Cocteau : " Quelle cure contre les pratiques de l'art ! Ni naïf, ni absurde, ni habile, ni peintre, ni sublime, Paul-Emile Pajot soulève le problème du plaisir ".
Il n'a pas fait les " écoles ", s'aide de règles et de gabarits, recherche la précision, celle-ci gratifiée d'élégantes maladresses. Pajot représente les bateaux à voile multicolores sur une mer bleu d'azur ou sous un ciel gris de suie, ballottés dans des vagues crémeuses, à la Hokusai (celui du Mont Fuji). A la plume Sergent Major, d'une écriture appliquée, Paul-Emile Pajot a rédigé cinq tomes d'un Journal, de 1900 à 1922 : 2500 pages, plus de mille illustrations, à la gouache ou aux crayons de couleur, des vignettes, des culs-de-lampe, des pleines pages.
Il l'appela Mes aventures, celles de sa vie ordinaire et laborieuse, enfants à nourrir et pêches à assurer, celles imaginées dans les livres de voyage ou d'histoire naturelle, dans des combats héroïques de la Grande Guerre... En copiant la presse à quatre sous, il a affermi son talent, original en diable. C'est un Pajot ! Ici sont publiées en fac-similé les plus belles pages de cet OVNI iconographico-littéraire : avec le concours de marins, universitaires, artistes, historiens, journalistes...
Le professeur Alain Cabantous, qui assura la direction de l'ouvrage Les Français, la terre et la mer, nous a accordé son soutien actif et bienveillant. La publication évoque la vie à La Chaume, les différents bateaux, les chantiers navals, les pêches et les naufrages, mais aussi la guerre sous-marine au large de la Vendée. Chaumois, Vendéen, poète et artiste, Pajot a puisé dans de multiples sources.
Il incarne les images culturelles de la Ille République et les découvertes de l'art moderne, au seuil du savant et du populaire. Ce Journal appartient au musée de l'Abbaye Sainte-Croix, aux Sables d'Olonne.