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Au mois de juin 1855, le brick Vesta, parti un mois plus tôt de San Francisco, débarque ses passagers, au nombre de cinquante-sept, sur des barques sorties de la côte du Nicaragua. Les passagers sont jeunes et bien armés, spécimens que l'existence se plaît à jeter dans l'aventure : des idéalistes, des joueurs professionnels, d'anciens soldats en mal d'action, des chercheurs d'or déçus, des rêveurs de gloire, des ratés courant après la fortune, et aussi quelques jeunes gens en quête d'amour. Leur chef, lui, n'évoquait pas la sensualité. Mince, de petite taille, il avait un visage régulier, juvénile mais aussi fermé que sa veste. Il s'appelait William Walker. Un an plus tard, William Walker avait acquis une célébrité mondiale. Vainqueur de la guerre civile, il s'était fait élire président du Nicaragua et affermissait son pouvoir à l'aide d'une armée que des renforts ne cessaient de grossir. Il fallut l'alliance des quatre pays voisins, l'intervention des flottes américaine et britannique, — et surtout la rancune d'un magnat de Wall Street que Walker avait eu la maladresse de spolier— pour venir à bout de cet aventurier. Mais Walker n'était pas qu'un aventurier : médecin, juriste, avocat, puis journaliste, il compta parmi les signatures les plus lues de la Nouvelle-Orléans. Plus tard, il écrivit avec talent l'histoire de la guerre qu'il avait déclenchée. Il périt fusillé sur la plage de Trujillo, en 1860, au cours d'une quatrième et folle tentative de reprendre le Nicaragua, à la tête d'une poignée d'aventuriers. Il y repose toujours.