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Voici en un seul volume les deux romans publiés par Raduan Nassar. Deux ouvrages distincts. Mais une unité de ton dans la modulation d'un thème : l'obsession des limites, aussi bien d'ordre moral que religieux ou simplement matériel. Et cela dans l'ambivalence de la protection et de la contrainte. La maison de la mémoire (1975) peut apparaître comme une version du Fils prodigue. Le rebelle est traqué par lui-même - son corps, ses mots - entre la chambre-utérus où il est réfugié et la "maison du père" fondée sur le langage de la tradition - d'une tradition dont les racines plongent de ce côté de l'Océan, sur les bords de la Méditerranée, au Liban. Et c'est contre cette limite qu'il bute et qu'il laboure son passé, remontant jusqu'à une violence primordiale, d'avant toute loi. En revanche, Un verre de colère (1978) met en scène le déchaînement verbal d'un homme, sa remise en question de lui-même et du monde après un mince incident - parce que des fourmis ont ouvert une brèche dans la haie vive de sa propriété, qui est en fait l'inviolable clôture où il vit... Comme la phalène dans la nuit zigzague, s'affole, s'exténue, c'est dans cet entre-monde physique et mental que se meut le narrateur, passant de l'inventaire à l'imprécation, de la notation laconique à la démesure.