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Raconter les faits sexuels, y ranger les fantasmes, décrire les sensations, personne ne l'avait fait aussi précisément que Catherine Millet. Que cette parole eût été tenue par une femme n'a pas peu contribué au succès de La vie sexuelle de Catherine M. Mais ce phénomène, échappant à la pathologie délirante ou revendicative, n'a pas semblé intéresser les psychanalystes. Est-ce en contrepartie de la désillusion qu'il entraîne, du crime qui toujours y affleure ou de la souffrance qu'il traduit, que le sexuel est souvent traité par eux de façon si conventionnelle ? Il y aurait pourtant là matière à relever le ton audacieux de Freud et de Lacan dans leur élaboration des différences dans la sexualité, bien plus construites que données. C'est ce fil que suit Françoise Wilder, dans un livre écrit à partir d'entretiens menés avec Catherine Millet de juin à novembre 2001. Une " performance " est ici questionnée. Dans une époque où la promesse de jouissance est à ce point dominante, est-il possible de poser à la vie sexuelle la question de son désintéressement, la même qui fut jadis portée à incandescence à propos du salut ? Comment se fait-il que le langage de l'abandon, de la disponibilité et de l'effacement des volontés se retrouve le même, de siècle en siècle, alors que les lieux d'adresse en sont distincts ? Etrange symétrie. Comme si, de la religion du salut à la religion du sexe, les hérésies se répondaient...