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En 1936, Gaston Revel entre à l'Ecole Normale d'Alger, où l'on est censé lui apprendre à "éduquer l'indigène". C'est aussi l'époque où il commence à s'intéresser à la politique : il est attiré par le Front Populaire, puis par l'anarchisme espagnol, qu'il cite en exemple de réussite sociale. Au cours de son service militaire, enfin, il approche pour la première fois le communisme. De 1940 à 1955, il enseigne en Algérie, dans le bled, puis à Bougie. Il rentre en Europe en raison de la guerre et débarque en Provence en septembre 1944, à la suite des Alliés. C'est à Bougie, en 1945, qu'il franchit le pas et s'engage résolument, en militant déterminé, au Parti Communiste Algérien : en 1953, il se présente aux élections municipales dans le second Collège (réservé aux Algériens) et il siège aux côtés des musulmans. En 1955, au début de la guerre, il doit contre son gré quitter l'Algérie. Mais, ainsi que des milliers d'autres "pieds rouges", il y revient en 1962 et reprend son métier d'enseignant. Il rentre définitivement en France en 1965. De toutes ces années, il a laissé un témoignage fort et très engagé, beaucoup de lettres, de carnets, et d'articles de presse : ces textes, remarquablement écrits, présentés et annotés par Alexis Sempé, permettent de percevoir ces années algériennes de l'intérieur, à travers l'engagement et les combats d'un instituteur de la République, adversaire résolu de la colonisation, horrifié qu'il est par la misère et l'exploitation d'un pays qu'il aime profondément. Gaston Revel était également photographe amateur. Ce livre est donc très largement illustré : près de 250 photographies jusqu'ici inédites jalonnent ce parcours de trente années, de l'Algérie à la France, à l'Allemagne à l'Europe de l'est, puis de nouveau à l'Algérie.