Biographie d'André Blanchard
"On ne lui connut pas de mot de la fin, tout juste un Ouf ! tel le bidasse, naguère, le jour de la quille. Tout ce qu'il écrivit, mais qui fut peu, montre que si la vie est un cadeau, ça ne saute plus aux yeux une fois celui-ci en entier déballé. Il était né l'année et le mois où mourut Gide, ce qui ne veut rien dire, on l'admettra. Quant au jour, qui est celui de la Chandeleur, cela valait tout un programme : ce seraient les phrases, à faire sauter comme les crêpes.
De naissance et d'allure semblable à Julien Sorel, il fit comme lui, descendit de son village, direction Besançon, où il fréquenta sinon le séminaire, une enseigne mitoyenne, l'école libre. Là s'arrête la ressemblance. Les diplômes en poche, il arrêta net l'ascenseur social, comme on dirait aujourd'hui, et alla planquer dans un trou perdu son Mal de terre, appellation d'origine contrôlée - autant que possible.
Il ne fut pas, dit-on, sans rappeler Jules Renard, à cause d'affinités bucoliques, voire poétiques, et Léautaud pour le reste. A la réflexion, il lui était venu que, tout de même, ce ne serait pas plus mal de ne rappeler personne. On lui connaissait un amour très areu areu ! pour les chats. Il aura voulu croire que quelques-uns viendraient sur sa tombe miauler à la lune et fricoter pour de bien rondes portées.
C'était sa façon de concevoir que la vie continue", Extrait du Dictionnaire des écrivains contemporains de langue française par eux-mêmes, de Jérôme Garcin.