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A la fin du XVIIIe siècle en Allemagne, dans un débat d'une extraordinaire densité conceptuelle autour de l'héritage kantien, la philosophie s'autodétermine comme système de la liberté. " Le temps est venu " pour la philosophie transcendantale d'achever la Révolution copernicienne en accomplissant le système du savoir où l'absolue liberté accède au concept, à la claire conscience de soi. L'idéalisme est la philosophie première où la liberté se pensant elle-même s'affirme comme identité absolue du penser et de l'être, quitte à rencontrer la scission, la finitude de la conscience comme le problème majeur de la raison. Parmi les nouveaux " amis des Idées ", le jeune Schelling, dans la double inspiration de Spinoza d'une part, de Kant et de Fichte d'autre part, se saisit pour la première fois des questions radicales, métaphysiques, qu'il ne cessera plus, désormais, de méditer : le commencement absolu, le " réellement réel ", l'énigme du fait du monde et de toute vie finie. Le chemin de la philosophie de Schelling commence là : avec la traversée des questions kantiennes et la réception de la Wissenschaftslehre fichtéenne, avec la méditation résolue de l'essence de la liberté humaine et du sens cosmique de la philosophie, autrement dit de la " fin essentielle " de la raison et de la métaphysique comme " achèvement de toute culture de la raison humaine ". Engagé en d'infatigables transformations, c'est bien pourtant sous la loi de cette résolution juvénile, dans l'esprit de ce commencement magistral, que le système de la liberté devait dans le futur se tenir.