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C'était en cours de français de quatrième. Les Plaideurs était au programme, et une note de bas de page indiquait que cette pièce comique était une adaptation de la première partie des Guêpes d'Aristophane. Dans ces Plaideurs, ce qui m'avait enthousiasmé, c'était le passage où, dans sa plaidoirie, un avocat défend son client qui n'est autre qu'un chien qu'on accuse d'avoir volé et mangé un chapon. Le comble du rire est atteint lorsque l'avocat, pour émouvoir les jurés, fait entrer sur scène les enfants de l'accusé, en l'occurrence des chiots qui immédiatement se mettent à pisser partout. Je me demandais comment il était possible que Jean Racine, l'auteur tragique par excellence, ait pu se laisser aller à accepter de signer sous son nom de telles pitreries dérisoires et cocasses. Ce jour-là, j'avais juste poussé une porte, et à peine entrevu l'univers d'Aristophane. Ce que je me propose donc ici d'expliquer, c'est comment, cinquante ans après cette première rencontre, j'ai fini par plonger à corps perdu dans toute l'oeuvre d'Aristophane afin de tenter de restituer, par mon travail sur ses onze pièces et les fragments restants, le théâtre de ce génie comique.
Aristophane, il y a 25 siècles, gravait pour la première fois les mots d'un théâtre comique et politique au bord de la Méditerranée, dont Serge Valletti s'estime l'héritier. Parce que lui est apparu une formidable adéquation entre ces textes et sa propre conception de la comédie : une comédie sociale et une comédie de la ville. Parce que d'Athènes à Marseille, il n'y a qu'un pas.