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Dans le royaume de France, après sa conquête par Louis XIV, la Franche-Comté reste une province réputée étrangère. Ses frontières l'isolent autant à l'ouest, face à la zone des Cinq grosses fermes qui régissent l'espace économique intérieur, qu'à l'est, du côté de la Suisse, ou du nord, vers la Lorraine et l'Alsace. La Ferme générale organise l'espace douanier : bureaux et brigades se répartissent tout autour de la province, à l'extérieur, délimitant des zones où les denrées de contrebande sont surveillées de très près, par un millier d'employés des Fermes, exposés eux-mêmes à toutes les tentations, et aux vexations de la population. La contrebande porte sur des denrées fortement taxées : le tabac, importé d'Alsace, de Montbéliard et de la Suisse ; les indiennes, toiles imprimées dont Mulhouse et la Suisse ont d'importants centres de fabrication ; le sel (l'or blanc du Comté de Bourgogne), dont le prix varie fortement en raison de la gabelle ; les livres, objets d'un large trafic contrôlé par les filières spécialisées. La contrebande n'est pas seulement le fait des habitants des régions frontalières : des villes comme Vesoul et Besançon en sont des plaques tournantes. Louis Mandrin lui-même traverse la province à plusieurs reprises. La principauté de Montbéliard, enclave territoriale, est une base pour les traficants.