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Cette nouvelle est la première que j'ai écrite. Cela me repone à quelque douze ans en arrière, à un certain déjeuner chez un ami, où M. de Mayol de Luppé, alors directeur de L'Union, me proposa, à moi intimidé, balbutiant et heureux, de "m'ouvrir ses colonnes". J'écrivis, - avec quel amour et quel soin, mon vieux manuscrit, vous êtes là pour k dire ! - l'histoire de Stépnette", qui n'était pas tout inventée par moi, loin de là. Hudoux a vécu ; j'ai vu dans mon enfance la rue de l'Aiguillerie, avec ses maisons anciennes, aux pignons pointus, aux façades décorées de croisillons de bois ; et les paysages que je peignais, je les avais sous les yeux : c'étaient nos chers noyers de la Buffeterie, plus touffus, plus gros, plus âgés que le logis lui-même, pas plus verts cependant ; car du lierre, des vignes vierges, des rosiers grimpants, je n'en ai jamais vu tant qu'autour de nos ferlent. C'était aussi la campagne boisée, incroyablement déserte, silencieuse, enveloppée dans les replis des futaies de Pignerolles. Les chansons mimes je les avais entendues, et les récits de chouannerie qui m'avaient si souvent fait frissonner, quand mon grand-pèse les chantait ou les contait, lui dont le père s'était battu en ce temps-là. Stéphanette parut signée d'un pseudonyme, naturellement. Ce fut le dernier feuilleton de L'Union, qui cessa de vivre en mime temps que le prince dont elle servait la cause. Le dernier numéro du journal est, je crois, celui où la mention "fin" est mise au bas de "Stéphanette, par Bernard Seigny", et le contraste était grand, je m'en souviens, entre les articles de deuil dont il était rempli et ce dénouement d'une histoire d'amour si joyeux et si jeune. René Bazin, le 2 mai 1896.