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" Les yeux qui liront ceci s'ouvrent à peine à la lumière ", Souvenirs d'égotisme. L'adresse aux lecteurs inconnus traverse de part en part l'œuvre de Stendhal, nous invitant à revenir sur une question laissée ouverte par Freud : quels seraient le statut et la fonction du public dans la création artistique ? Comment le destinataire viendrait-il déterminer le processus créateur aboutissant à une œuvre où des souhaits et des conflits inconscients - généralement inaccessibles - se voient révélés ? C'est à une telle question que se confronte le présent ouvrage, consacré pour l'essentiel à Vie de Henry Brulard. Dégageant le mouvement auto-théorisant par lequel Stendhal essaie de comprendre le passé de Henri Beyle, il trouve dans l'enquête autobiographique un terrain pour l'enquête psychanalytique. Ainsi, le texte littéraire devient un lieu d'expérimentation pour la théorie et nous appelle à interroger le rapport entre le travail de deuil, le transfert, l'adresse et la création. S'inspirant des travaux de Jean Laplanche, l'élaboration théorique qui en résulte conduit à décrire la création littéraire chez Stendhal comme un travail de deuil adressé aux lecteurs inconnus. Communément conçu comme un récit autobiographique, Vie de Henry Brulard se révèle être une hétéro-biographie, laquelle, relançant la question du rôle tenu par l'autre dans la création littéraire, met en question le sens de l'égotisme chez Stendhal.