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Il est entendu que la littérature s'est démocratisée depuis l'Ancien Régime mais ce fait, quand il est évoqué, renvoie en général à deux réalités très différentes et pour tout dire presque opposées : d'un côté, la littérature a gagné en audience grâce aux bienfaits de l'instruction publique et à l'essor de l'industrie des lettres, mais de l'autre, elle a en quelque sorte perdu de son caractère sacré pour devenir une simple production de masse aux vertus essentiellement divertissantes. Autrement dit, des belles lettres à la littérature, les textes ont perdu de leur superbe et gagné en diffusion. Comment comprendre cette évolution ? La grande littérature a-t-elle gagné en force ou en importance en conquérant de nouveaux publics, ou bien la démocratisation du monde a-t-elle entraîné une légitimisation des sous-productions qui ont fini par étouffer les chefs-d'oeuvre et les noyer dans le grand bain des publications courantes ? La fin des hiérarchies culturelles constituées entraîne-t-elle la mort de la littérature considérée comme forme d'art supérieure ? Et est-ce la littérature qui s'est démocratisée, ou la démocratie qui a imposé sa littérature contre les héritages du passé ? Ce travail collectif, issu d'un séminaire de la Fondation des Treilles, retrace la place des lettres dans la société d'hier à aujourd'hui, loin des lamentos des déclinologues.