Dôgen, issu d'une famille de l'aristocratie de Kyoto, vécut dans un Japon désuni, partagé entre deux capitales, la capitale impériale, Kyoto, gardienne des traditions, et Kamakura, siège du shogunat, le gouvernement féodal. La même époque, dite de Kamakura (1135-1333), austère, sombre, de fortes tensions, fut celle d'un éclatement du monde bouddhique entre écoles traditionnelles et écoles nouvelles, dont celle du zen.
Nourri de culture chinoise et japonaise, armé de la réussite de sa période de formation dans la Chine des Song (alors considérée comme l'âge d'or des arts de la Chine et du zen (chan en chinois)), Dôgen revient au Japon avec pour mission d'y établir une base solide pour le zen, ce qui lui vaut d'être considéré comme l'un des fondateurs les plus illustres. Cette lumière est l'un des fascicules de l'oeuvre maîtresse de Dôgen, le Shôbôgenzô, qui réunit les discours adressés à ses élèves.
Entré dans sa quarantième année, il compose ceux qui sont constituent le coeur philosophique de son oeuvre. La traduction ici proposée fait suite aux traductions déjà proposées par Charles Vacher, les plus récentes étant Je suis temps et En rêve, dire le rêve. Cette lumière, insaisissable par l'intellect, insubstantielle, immense et indivise, habite tous les êtres, tout ce qui existe. Et, c'est seulement par sa réflexion sur la nature de l'esprit, dans l'exercice de la méditation assise, autrement dit par la pratique de soi, que l'homme peut y accéder et ainsi s'éveiller à la réalité, lumineuse, fluide, luxuriante qui est celle du monde qui l'entoure.
Dans ses traductions, Charles Vacher s'applique à transmettre avec clarté la profondeur de l'enseignement de Dôgen. Pour cela, il est appelé à résoudre les différences entre, d'une part, la langue japonaise de l'époque et l'inventivité linguistique de Dôgen, et, d'autre part, une langue française moderne où il vise la simplicité et l'exactitude. Afin d'en restituer la profondeur, ne serait-ce que pour réduire l'écart qui sépare les connaissances bouddhiques des élèves de Dôgen et celles de lecteurs moins avertis, il joint à sa traduction un précieux appareil critique, comprenant préface, introduction, commentaires, notes, citations, appendices.