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La procession fut une forme de piété très en vogue durant le Moyen Age jusqu'au XXe siècle. Ce fut souvent par leur nombre et la foule qui s'y pressait une des manifestations les plus voyantes d'une religiosité et d'un enracinement dans des traditions populaires tout autant que dans des expressions politiques et sociales. Elle est chargée d'un symbole très riche, celui de l'église militante en marche vers la réalisation du Christ, sous la bannière d'un saint ou une image servant d'étendard — vexilla regis, un peuple, une armée dans la tradition constantinienne.
Le rituel est ancien depuis l'Adventus — procession d'accueil de tous les personnages importants dans l'Empire romain — en passant par les rogations instaurées par Mamert de Vienne — le mercredi de la Pentecôte — pour s'assurer de bonnes récoltes en parcourant le terroir villageois avec la relique ou la statue du saint protecteur avant le début de la kermesse jusqu'aux processions dominicales du célébrant et d'autres plus spécifiques comme le transport du viatique ou l'enterrement.
Ces manifestations annuelles furent toujours l'expression de la communauté avec intervention de l'échevinage, des confréries et des institutions religieuses qui se partageaient les frais de port, de cierges et de statues, le paiement du vin distribué aux figurants, prêtres, militaires et échevins pour leur permettre de se désaltérer à chaque halte ou à chaque reposoir. Spectacle haut en couleur, de grande solennité, fait de recueillement et de défoulement dans lequel on retraçait à travers des tableaux historiés un imaginaire collectif dans lequel défilaient diables et saints au milieu de danses.
Nous nous proposons de revisiter ces divers aspects à la lumière des recherches récentes et, par des comparaisons avec d'autres religions, comprendre la portée de l'une des manifestations les plus contrastées de l'expression du sentiment religieux.