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La science fut longtemps considérée comme une source de sagesse et de bienfaits. En déchiffrant les mystères de la nature, elle libérait l'esprit humain de l'obscurantisme. En inspirant la technique, elle permettrait de produire en abondance des biens pour le plus grand nombre. Investir dans la recherche scientifique promettait un avenir radieux. Cette croyance continue d'inspirer de nombreuses décisions politiques. Une série de catastrophes techniques, dont le prototype dut Tchernobyl, ont cependant ébranlé cette foi naïve. Par réaction, les mouvements politiques écologistes ont obtenu un succès fondé sur le refus de la technique et sur la nostalgie d'une nature restaurée dans son état primitif. Il paraît dès lors nécessaire de doter la recherche d'une éthique, pour éviter que ses excès la discréditent davantage. amis cette exigence radicalement neuve pose un problème insoluble : sur quoi faut-il fonder cette éthique ? La science, qui fut longtemps considérée comme un bien indiscutable, peut-elle être limitée par des contraintes, voire interdites ? En fait, il s'agit d'un malentendu très courant dans l'opinion publique. La science n'est pas en cause, mais la technique qui en est souvent l'application irrésistible. Il y aurait lieu de compléter le Décalogue par un onzième commandement : " Tu laisseras la Terre à tes enfants dans l'état où tu l'as reçue de tes parents ".
Jacques Neirynck est ingénieur de formation. Après une carrière de chercheur et d'enseignant, il faut élus au parlement fédéral suisse. Il poursuit une activité d'écrivain et de journaliste.