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Roger Judrin (1909-2000) tendit l'oreille à la comédie humaine, mais aussi à ce qui relevait de l'amour. Il dialogua avec des morts qui avaient intensément écrit (Ovide, Tacite, Montaigne et Saint-Simon furent de ceux-là) et d'innombrables vivants. Cependant il n'avait pas comme Montaigne été en charge des affaires publiques, ni reçu la grâce d'une amitié précoce, et il chercha celle de l'esprit au miroir de la pensée. Ecrivant dos à sa fenêtre, il recueillit jour après jour les grains de son moulin. Au bout des avenues étaient sonnées les heures de classe ; Roger Judrin eut des élèves. Nous avions, fin 2009, réuni nombre d'entre eux. Est ici présenté le recueil de leurs témoignages, augmenté d'archives, d'études concernant ce que croyait Roger Judrin, et de réflexions sur l'expérience de professeur de cet ancien élève d'Alain. Cet ouvrage est né du frottement des mémoires. Il s'essaie à éclairer un monde encore proche de nous. Il est surtout attestation vivante d'une inventivité littéraire sensible à chaque page, et qui éclate avec le texte inédit d'une première pièce, Corsaire et demi, étonnante célébration d'un épisode de la jeunesse de Jules César. Soixante-sept ans après sa création par quelques élèves d'un lycée de garçons à Compiègne elle attend d'être représentée à nouveau, comme l'oeuvre de Roger Judrin attend d'être redécouverte.