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Rodin voulait ancrer sa pratique de la sculpture dans la continuité de l'art grec fondateur, parfois revisité par les filtres des copies romaines et de la Renaissance. Reformulant les archétypes de l'Antiquité, allant jusqu'à intégrer par assemblage ses propres figurines à un vase grec, une colonne, une urne., son art fait écho, par la perfection plastique et l'expressivité de ses formes, à l'idéal grec. Les chefs-d'ouvre de l'Antiquité, qui sont arrivés jusqu'à notre époque le plus souvent sous forme de fragments, de sculptures mutilées, trouvent aussi un parallèle formel dans la façon même qu'avait Rodin de travailler : ôtant le superflu pour donner à ses ouvres une puissance brute, essentielle, mutilant ses statues, il usait de l'assemblage, du fragment, de la recomposition, de l'inachevé. Rodin ne se rendit jamais en Grèce, mais collecta quelque 2 500 ouvres ou répliques grecques, en une sorte de Panthéon, son propre musée. Mais il s'agit sans doute là d'une Grèce rêvée, autorisant les percées de l'invisible, de l'inaccessible, de l'indicible.
Catalogue publié à l'occasion de l'exposition "Rodin, la lumière de l'antique" , présentée au Musée départemental Arles antique du 6 avril au 1 ?? septembre 2013, et au Musée Rodin, Paris, du 19 novembre 2013 au 23 février 2014.