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"La Peste est plus qu'une chronique de la Résistance. Mais assurément elle n'est pas moins". Cette réponse de Camus à Barthes en 1955, donne l'occasion à André Abbou de relire "La Peste", oeuvre souvent réduite à une allégorie. Pour ce faire, il utilise la parfaite connaissance qu'il a de l'oeuvre d'Albert Camus et de sa vie à Oran ou au Chambon-sur-Lignon. Un au-delà de la résistance à la peste brune qui venait d'être vaincue : voilà ce qu'un Camus énergique entreprend en 1945 dans la seconde version de ce roman commencé en 1939. Il donne non seulement un coup de pied à ses malheurs personnels (maladie et dégradation de son mariage) mais aussi aux malheurs annoncés - en dépit de la victoire alliée. En effet l'irruption de la guerre froide et les hululements qui montaient du goulag ont mis à mal l'espérance d'une paix durable. En choisissant le scénario d'une épidémie qui bouleverse l'organisation d'une vie, Camus voulait transmettre l'image d'un combat contre le mal qui ne se gagne que par la solidarité entre les hommes. Relire "La Peste" devient ainsi un remède aux sirènes de l'abandon et au laisser-aller.