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Benjamin a été le premier à utiliser le terme d'" appareil " technique en rapport avec les arts, mais il ne l'a pas conceptualisé et en a limité la pertinence à la révolution industrielle. Lyotard a introduit la notion de surface d'inscription et de bloc d'écriture dans ses études sur la lettrine gothique et la perspective, dans une acception sémiologique, mais sa conception de l'écriture en faisait une mise en ordre. Rancière, avec ses " régimes " de l'art qui sont autant de régimes de la sensibilité, a permis de nouer politique et arts, mais en faisant l'impasse sur les techniques. A l'évidence, il fallait donc distinguer les appareils culturels qui sont les conditions des arts, époque après époque, de la série des muses, pour faire droit à un mode d'existence spécifique d'objets qui sont à la fois indéniablement techniques et cosmétiques. Car sinon, comment classer le récit traditionnel, l'icône byzantine ou la voûte gothique, la camera oscura, la perspective, le musée, la photographie, le cinéma (pour s'en tenir à l'Occident, puis à la modernité projective) ?
Jean-Louis Déotte est professeur de philosophie à l'Université de Paris VIII Saint-Denis et dirige le programme app@reils, arts, diffusion dans le cadre de la MSH Paris Nord.