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Avec ce nouveau titre de la Bibliothèque augustinienne, Bruno Delaroche apporte au lecteur un accès moderne et critique au De peccatorum meritis et remissione. Une introduction substantielle retrace en détail la genèse de l'écriture de l'ouvrage, ce qui implique une clarification des circonstances dans lesquelles Augustin a été amené à répondre à la sollicitation pressante d'un ami, une analyse serrée de chronologie car la datation jusqu'ici admise par les chercheurs (hiver 411-412) a été récemment contestée. B. Delaroche expose ensuite l'objet, la méthode, le plan et l'argumentation en mettant en lumière le soin qu'a pris Augustin, en pasteur et en théologien, à examiner de près les objections et thèses dont il avait reçu connaissance (contestation que la mort physique soit punition divine, limitation du péché à une imitation de mauvais exemples, exclusion d'un pardon dans le baptême des tout-petits, possibilité pour un humain d'arriver à ne pas pécher du tout) et à les confronter à l'ensemble de l'expression de la foi chrétienne (appuyée sur l'Ecriture, mais aussi sur l'exercice de la prière et la pratique baptismale, identique en son rituel pour adultes et enfants). Pour l'auteur, c'est donc une synthèse puissante de la doctrine chrétienne du salut en Jésus Christ, l'unique Médiateur entre Dieu et les hommes, qu'a réalisée l'évêque d'Hippone dans son De peccatorum meritis et remissione, qui se révèle en effet comme le vivier théologique où puisera Augustin dans la suite de sa controverse avec Pélage, Calestius ou Julien d'Eclane, mais également la postérité. Les 72 Notes complémentaires apportent éclaircissements et précisions sur de nombreux points, d'ordre historique, littéraire ou théologique, et font apparaître des continuités de l'ouvrage avec les précédents écrits d'Augustin, des inflexions liées à cette étape vraiment nouvelle du regard de l'évêque sur Pélage (ayant en mains ses Expositiones Epistolarum S. Pauli, il l'engage à se désolidariser clairement des objecteurs qu'il cite, à accepter l'orthodoxie de la prière des Confessions " da quod iubes, et iube quod uis " qu'il avait rejetée avec colère), des nouveautés (au Livre III, l'appel à l'autorité de deux écrivains chrétiens : Cyprien et Jérôme). Augustin ayant constitué dans sa réponse tout un dossier biblique, B. Delaroche analyse la pertinence des citations, des rapprochements de passages scripturaires et de l'interprétation qui en est faite, élargissant par là son étude Saint Augustin lecteur et interprète de saint Paul, publiée par l'Institut d'Etudes Augustiniennes en 1996.