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Pour la nuit, La ville et La parade furent écrites au milieu des années 60, lors d'une période de répit dans l'histoire tourmentée du pays, après les années de répression qui suivirent la Guerre civile et avant la dictature de 1967. Formant une trilogie, elles sont comme trois variations sur le thème du lieu clos, où un homme et une femme sont encerclés par une ville invisible, inhospitalière, menaçante. Ce malaise, cette peur diffuse, est bien la marque d'un pays tourmenté, et le coup d'état des Colonels a rendu la fin violente de La parade étrangement prophétique. Mais cette lecture historique est très loin d'épuiser une oeuvre qui n'a rien de naturaliste. Ce qui fascine le spectateur, c'est que cette oeuvre soit dotée d'une présence, d'une épaisseur intense, et en même temps qu'elle nous glisse entre les doigts. Ses personnages sont à la fois denses et nuancés, cohérents et imprévisibles. Ses histoires plus d'une fois nous prennent au dépourvu, et c'est là, plus encore qu'une virtuosité scénaristique, une juste vision des êtres et de la vie.